CHAPITRE VII

Le supersonique était revenu une seconde fois dans l'extraordinaire vallée protégée des glaces. Les bagnards avaient nettement entendu son sifflement strident.

Sorti de la mine par ses geôliers, Kariven reçut une piqûre et répondit docilement, sans détour, en présence du colonel Kraemer, aux questions de Ménèktou. Mais ce dernier n'obtint pas les renseignements escomptés. Kariven ignorait absolument l'emplacement des bombes atomiques qui encerclaient la calotte polaire sud. Ni lui ni ses compagnons n'avaient participé à leur installation.

Furieux et déçu, Ménèktou fit renvoyer Kariven à la mine tandis qu'il élaborait un nouveau plan, modifié en conséquence, avec l'officier. Celui-ci décolla peu après, chargé d'une mission décisive et meurtrière...

 

 

Quatre jours durant les explorateurs, mêlés deux par deux aux mineurs atlantes, poursuivirent leur épuisante besogne sans pouvoir communiquer. Ni les uns ni les autres n'avaient d'ailleurs trouvé une solution laissant entrevoir l'avenir sous un jour meilleur.

Tout en actionnant son fusil vibrateur contre la paroi radio-luminescente, Kariven réfléchissait activement. Dans quarante-huit heures, Lwinha serait exécutée. Quelle avait donc été la mission de ce colonel Kraemer auquel il se souvenait vaguement d'avoir parlé, après avoir été drogué ? Si au moins un hélicoptère de la base avait pu repérer son chasseur et le suivre jusqu'à la Vallée Heureuse !

Sous sa cagoule noire antiradiations, il suait et peinait à côté de Lakton et de Mc Murray. Et ces pensées, toujours les mêmes, qui revenaient à son esprit ! Quand elles l'assaillaient et l'accaparaient complètement, un garde en cagoule rouge, d'un geste de la main, lui ordonnait de continuer son travail.

Ne pouvant plus bavarder, ni même faire des signes aux autres équipes, les explorateurs sentaient grandir le découragement et diminuer leur force morale. Le soir, isolés dans les divers blocs, ils n'avaient de contact qu'avec les Atlantes, mais ceux-ci ne les comprenaient pas. Zilna servait d'interprète à Burton et à son compagnon. Kariven et Mc Murray faisaient équipe avec Lakton et Maoloa. Les autres Blancs s'organisaient donc de leur mieux avec leurs compagnons d'infortune dont ils ne parlaient point la langue.

En cette fin de journée, Kariven éprouvait une angoisse morbide en se représentant leur fâcheuse situation. Si Lwinha était assassinée, aurait-il encore le courage de lutter ? Blancs et Atlantes révolutionnaires mouraient à petit feu dans cet enfer radioactif !

Un phénomène insolite l'arracha à ses mornes réflexions.

Sous son fusil vibrateur, un pan de roche venait de tomber à ses pieds. Une faille de cinquante centimètres de large sur quatre-vingts de hauteur s'était ouverte dans la paroi. Parmi les matériaux effondrés se trouvaient plusieurs pierres de construction façonnées en losange !

Comment, en pleine couche géologique, des briques de ce genre pouvaient-elles se rencontrer ?

Lakton jeta machinalement un coup d'œil à Kariven immobilisé et, en suivant son regard, il observa lui aussi les curieux losanges de pierre avec, au-dessus, la brèche ouverte sur un vide sombre. Kariven fit un geste d'ignorance et fut assez étonné de voir briller intensément les yeux du jeune prêtre à travers les deux trous de la cagoule.

Ce dernier leva son fusil vibrateur vers la voûte et pressa la détente. Une nouvelle masse de terre et de pierraille s'en détacha, qui obstrua bientôt la faille mystérieuse. Il se retourna